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La place de la lecture selon André Maurois

Cinquante-huit ans plus tard, le livre reste le support par excellence de transmission du savoir. Revisitons ces propos de l’écrivain, publiés en mai 1964, dans Le Courrier de l’UNESCO, l’une des plates-formes de promotion des idéaux de cette organisation.

« Notre civilisation est une somme de connaissances et de souvenirs accumulés par les générations qui nous ont précédés. Nous ne pouvons y participer qu’en prenant contact avec la pensée de ces générations. Le seul moyen de le faire, et devenir ainsi un homme « cultivé », est la lecture.
Rien ne peut la remplacer. Ni le cours parlé ni l’image projetée n’ont le même pouvoir éducatif. L’image est précieuse pour illustrer un texte écrit : elle ne permet guère la formation des idées générales. Le film, comme le discours, s’écoule et disparaît ; il est difficile, voire impossible, d’y revenir pour consulter. Le livre demeure, compagnon de toute notre vie.
Grâce à eux nous pouvons nous évader de notre petit univers personnel, si étroit ; grâce à eux nous échappons à la méditation stérile sur nous-mêmes. Un soir consacré à la lecture des grands livres est pour l’esprit ce qu’un séjour en montagne est pour le corps ; l’homme redescend de ces hautes cimes, plus fort, les poumons et le cerveau lavés de toutes souillures, mieux préparé à affronter avec courage les luttes qu’il retrouvera dans les plaines de la vie quotidienne.
La lecture n’est pas seulement une saine gymnastique de l’intelligence ; elle révèle aux jeunes le caractère secret de la vérité, qui n’est jamais donnée toute faite au chercheur, mais doit être construite par lui à force de travail, de méthode et de bonne foi. La bibliothèque est le complément indispensable de l’école ou de l’université. Je dirais volontiers que l’enseignement n’est qu’une clef qui ouvre les portes des bibliothèques.
Cela est plus vrai encore de l’enseignement postscolaire. Le citoyen d’une démocratie qui veut remplir ses devoirs avec conscience doit continuer de s’informer pendant toute sa vie. Le monde ne s’arrête pas le jour où chacun de nous sort de ses classes. L’histoire continue de se faire ; elle pose des problèmes qui engagent le sort de l’espèce humaine.
Comment prendre parti, comment défendre des thèses raisonnables ; comment s’opposer à de criminelles folies, si on ne connaît pas les questions ? Ce qui est vrai de l’histoire l’est aussi de l’économie politique, de toutes les sciences, de toutes les techniques.
En cinquante ans, les connaissances humaines ont été renouvelées, bouleversées. Qui renseignera, sur ces grands changements, les hommes et les femmes dont la vie et le bonheur en dépendent ? Qui leur permettra en accomplissant leur tâche quotidienne de tenir compte des plus récentes découvertes ?
Les livres, et eux seuls. »

V. Damour

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